Les espaces protégés en Mongolie : défenseurs de la biodiversité et garants des services écosystémiques

La Mongolie abrite des paysages variés qui offrent un habitat à une multitude d’espèces végétales et animales. Cette biodiversité est le socle de l’économie, de la culture et du développement du pays. Pour préserver cette richesse naturelle, le gouvernement a mis en place des aires protégées couvrant presque 30 % du territoire national. Cependant, ces efforts sont mis à rude épreuve par le changement climatique et la surexploitation des ressources naturelles. Le projet Supporting Protected Areas for the Conservation of Ecosystem Services (SPACES) vise à améliorer les conditions cadres pour un développement durable de ces zones protégées.

Objectifs et description du projet SPACES

L’objectif principal du projet SPACES est d’améliorer les conditions cadres pour le développement durable des zones protégées en renforçant leurs capacités financières et en améliorant la coordination entre les différents acteurs impliqués dans la conservation. En complément, SPACES promeut des stratégies de subsistance alternatives pour réduire la pauvreté rurale et la surexploitation des ressources naturelles.

Depuis 2021, le projet encourage la gestion innovante des paysages et une utilisation forestière respectueuse de l’environnement, en partenariat avec l’Union européenne, la FAO, ainsi que la France et la République tchèque.

La participation locale et la sensibilisation

Le tourisme durable en Mongolie est un sujet d’importance particulière, et l’un des aspects cruciaux de l’approche du projet SPACES réside dans l’implication active des populations rurales dans la gestion des aires protégées. Cette approche inclut des mesures spécifiques visant à réduire la pauvreté et à sensibiliser les communautés à l’importance de protéger les services écosystémiques. Le projet développe également le tourisme écologique et offre des conseils en gestion des ressources naturelles dans et autour des zones protégées.

Ainsi, arrivent des réussites comme celle de la communauté de Mankhan soum où, grâce au fonds de subsistance alternative de la GIZ, un camp de gers a été créé. Cette initiative a été accompagnée de formations sur le tourisme durable et de visites d’étude à des marchés internationaux du tourisme, incitant la communauté à se responsabiliser pour la protection des ressources naturelles.

Les zones strictement protégées en Mongolie

La Mongolie compte 22 parcs nationaux, chacun d’entre eux possédant une importance historique et paysagère majeure. Voici une sélection des parcs les plus visités par les touristes :

La zone protégée du grand Gobi

Créée en 1976 et faisant partie du Réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO depuis 1991, cette zone est divisée en deux parties. La partie A couvre environ 100 km de la frontière sud des aimags de Bayankhongor et Gobi-Altai, tandis que la partie B s’étend sur 80 km au sud de la frontière sud des aimags de Khovd et Gobi-Altai, englobant une surface de 7,968 km².

Khukh Serkh

Située à la frontière des aimags de Khovd et Bayan-Ulgii, cette chaîne montagneuse est protégée depuis 1977 et couvre une superficie de 75,750 hectares. Ce massif est célèbre pour son abondance de bouquetins et abrite de nombreuses espèces rares.

Bogd Khaan Uul

Bogd Khaan Uul est une des premières zones strictement protégées au monde, avec une reconnaissance depuis 1294 sous la dynastie Yuan. Cette montagne située près d’Oulan-Bator joue un rôle crucial dans le climat local et abrite des espèces rares de la faune et de la flore.

Les défis de la gestion des aires protégées

Malgré les efforts de conservation, plusieurs défis demeurent, notamment la faible application des lois en vigueur. Les familles de bergers, par exemple, continuent de faire paître illégalement leurs troupeaux dans ces zones à cause de la dégradation des terres en dehors des frontières protégées. Des personnes à faible revenu collectent illégalement des fruits, des noix et du bois de chauffage dans ces zones. Par ailleurs, un phénomène inquiétant est l’installation de propriétés de luxe par des individus fortunés à l’intérieur des aires protégées.

Le parc national Khorgo-Terkhiin Tsagaan

Ce parc, situé au centre de la chaîne de montagnes de Khangai, est célèbre pour son volcan éteint Khorgo et le lac Terkhiin Tsagaan. Ces sites sont un refuge pour plusieurs espèces rares et un lieu de nidification pour de nombreux oiseaux aquatiques. Cependant, il y existe une pollution alarmante par des bouteilles en plastique et d’autres déchets, ce qui met en péril cet écosystème fragile.

Le parc national Khustai

Différent des autres zones protégées, Khustai est géré par une ONG et a été établi pour réintroduire les chevaux de Przewalski, appelés takhi en mongol. Le parc est bien maintenu avec des installations touristiques appropriées et de nombreuses recherches écologiques. Cela contraste fortement avec les autres parcs visités où l’impact humain est plus prononcé.

Bogd Mountain

Bien que cette montagne soit strictement protégée, la proximité d’Oulan-Bator a entraîné des violations fréquentes de ses règles. Des maisons et des camps illégaux y ont été construits, et la qualité de l’air et du sol est menacée par ces installations.

Les aires protégées en Mongolie, tout en étant essentielles pour la conservation de la biodiversité, font face à des défis variés et complexes. Des solutions plus efficaces pour appliquer les lois et sensibiliser le public sont nécessaires pour garantir la pérennité de ces ressources naturelles précieuses. La collaboration avec des organisations internationales et l’implication active des communautés locales sont des stratégies prometteuses pour atteindre ces objectifs.

Gérer les aires protégées en Mongolie implique donc non seulement de préserver des paysages magnifiques et une riche biodiversité, mais aussi de naviguer des complexités sociales et économiques pour assurer un avenir durable à ces trésors naturels. La pollution atmosphérique représente également un défi important pour la Mongolie. Il s’agit d’un problème persistant qui affecte gravement la santé publique et l’environnement. Les principales sources de pollution sont les émissions industrielles, le chauffage domestique utilisant du charbon de mauvaise qualité et les émissions des véhicules vieillissants. Face à cette situation, il est nécessaire d’apporter une réponse coordonnée et solide, impliquant à la fois des mesures législatives strictes et des initiatives de sensibilisation du public.