La Corée du Sud, ce petit pays devenu une puissance industrielle incontournable en Asie, est aujourd’hui au carrefour d’une transition énergétique et d’un défi climatique majeur. Depuis les années 1960, cette nation a connu un développement fulgurant, transformant un pays jadis pauvre en l’une des économies les plus florissantes de l’OCDE. Cependant, cette croissance rapide a un coût : une forte empreinte carbone. En 2021, la Corée du Sud représentait environ 1,30% des émissions globales annuelles de gaz à effet de serre, se classant cinquième parmi les plus gros émetteurs d’Asie. Mais quelles sont les mesures prises par la Corée du Sud pour atténuer son impact environnemental ? Un aperçu des diverses initiatives et défis révèle un tableau complexe, riche en ambitions, mais aussi en contradictions.
Un système d’échange de quotas d’émissions en demi-teinte
La Corée du Sud a été l’une des premières nations en Asie à mettre en place un système d’échange de quotas d’émission, le K-ETS, dès 2012. Cependant, malgré cette initiative novatrice, des imperfections sont devenues flagrantes. Entre 2015 et 2022, les dix plus gros émetteurs du pays ont vendu plus de 20 millions de tonnes de crédits excédentaires, réalisant un bénéfice astronomique. Un rapport d’alerte, publié par le groupe de défense du climat Plan 1.5, souligne un dysfonctionnement fondamental dans ce mécanisme qui devait responsabiliser les pollueurs. Au lieu de cela, trop d’allocations gratuites ont été attribuées, rendant le système plus lucratif que dissuasif.
Un mix énergétique qui peine à convaincre
Sous la présidence de Yoon Suk-yeol, la Corée du Sud a opéré en 2022 un revirement stratégique en revitalisant son programme nucléaire, jugé trop coûteux par le précédent gouvernement. Ce virage vers l’atome, au détriment des renouvelables, pose question quant à l’alignement du pays avec l’Accord de Paris, qui préconise un réchauffement limité à 1,5°C. En effet, le 10e Plan national de l’électricité, présenté en janvier 2023, prévoit que l’énergie nucléaire couvrira 33% de la production d’électricité d’ici 2030, contre une part décroissante de 21% pour les énergies renouvelables.
En dépit de ces ambitions, la réduction des émissions de gaz à effet de serre reste faible : un objectif de réduction de 40% par rapport à 2018 est fixé pour 2030. Pour respecter le seuil des 1,5°C de l’Accord de Paris, la Corée du Sud devrait viser une réduction domestique de plus de 59%.
Les obstacles à la transition énergétique
Au-delà de ces orientations politiques énergétiques, la Corée du Sud fait face à de nombreux défis dans sa transition vers une économie bas-carbone. Le pays dépend encore largement des énergies fossiles, notamment le charbon qui, malgré une baisse récente, représentait 35% de la production électrique en 2021. Le recours au gaz naturel a même augmenté pour suppléer la diminution du charbon. Par ailleurs, le développement des technologies vertes comme l’hydrogène ou le Captage et Stockage du Carbone (CCUS) reste embryonnaire. Les inquiétudes persistent quant à leur viabilité technologique et économique.
En revanche, les véhicules électriques, bénéficiant d’incitations fiscales substantielles, promettent de transformer le secteur automobile national. Selon la feuille de route dévoilée en 2022, la Corée du Sud ambitionne de produire plus de 10% des véhicules électriques mondiaux d’ici 2030.
La collaboration internationale et l’engagement local
Parallèlement, la coopération internationale demeure au centre des priorités de la Corée du Sud. L’engagement au sein du Fonds Vert pour le Climat illustre bien cette volonté d’impliquer globalement la nation dans la lutte contre le changement climatique.
Cependant, à l’intérieur des frontières, les collectivités locales et entreprises avancent à grands pas vers l’énergie 100% propre pour 2050. Des géants tels que Samsung s’engagent dans la campagne mondiale RE100, et plus de trente entreprises sud-coréennes ont déjà commencé cette transition, anticipant une demande croissante de solutions énergétiques durables.
Au final, la trajectoire climatique de la Corée du Sud reste un sujet de débat, entre espoirs et réalités. Malgré quelques progrès tangibles vers une croissance plus verte, le pays est contraint d’intensifier ses efforts pour aligner son action climatique sur les normes internationales. À présent, le pouvoir en place devrait œuvrer à cultiver une synergie entre le développement économique, l’innovation technologique et le respect des objectifs environnementaux. Bref, l’aventure de la transition énergétique est loin d’être une promenade de santé pour la Corée du Sud, mais chaque avancée compte. Espérons voir le pays compter parmi les modèles de leadership climatique dans un futur proche.
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