La Corée du Sud s’engage résolument dans la transition énergétique avec des initiatives novatrices en matière d’énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire. En se lançant dans des projets pionniers, le pays entend concilier écologie, économie et innovation technologique. Cependant, cette volonté se heurte à des défis techniques, environnementaux et économiques qu’il convient d’examiner.
Un projet d’envergure : la piste cyclable solaire sud-coréenne
En 2014, la Corée du Sud a inauguré une piste cyclable unique en son genre entre les villes de Daejeon et Sejong, munie d’un toit recouvert de panneaux solaires. Semblable à une colonne vertébrale énergétique, cette voie cycliste de 9 km s’étend au milieu d’une autoroute à huit voies. Le résultat ? Une production de 2200 MWh annuels d’électricité verte, suffisante pour alimenter 600 foyers. Ce type d’aménagement constitue un exemple significatif de la manière dont les infrastructures publiques peuvent intégrer des solutions énergétiques durables. Cette piste n’est pas seulement un moyen de transport écologique, mais aussi une innovation en matière d’intégration urbaine et énergétique.
Le savoir-faire sud-coréen continue de faire des émules. Bien que d’autres routes à panneaux solaires aient été construites ailleurs dans le pays, celle-ci reste singulière par sa configuration en milieu autoroutier. En s’attaquant à l’un des problèmes les plus importants d’aujourd’hui — la dépendance aux combustibles fossiles — la Corée du Sud pose les jalons d’une transition énergétique qui inspire au-delà de ses frontières.
Le futur des panneaux solaires obsolètes
Toutefois, l’innovation s’accompagne d’une série de problématiques. Après environ 25 ans d’utilisation, les panneaux solaires deviennent « morts », et la Corée du Sud prévoit que cette quantité atteindra des dizaines de milliers de tonnes dans les années à venir. En l’absence de structures de recyclage appropriées, la gestion de ces panneaux soulève des questions essentielles de durabilité. Contrairement à l’Allemagne, qui réutilise environ 70 % de ces déchets, la Corée du Sud enterre souvent ces panneaux ou les exporte vers d’autres pays. Cela s’explique par l’absence d’un modèle économique viable pour leur réutilisation.
La création de nouveaux centres de recyclage devient urgente. Le gouvernement travaille sur la construction de nouvelles infrastructures, mais un équilibre entre le coût de recyclage et le bénéfice reste difficile à atteindre. En outre, des débats subsistent quant à la pertinence d’imposer des obligations spécifiques aux fabricants dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur (EPR) afin de les inciter à recycler ces équipements en fin de vie.
Stratégies et politique énergétique
La paysage politique de la Corée du Sud en matière d’énergies renouvelables connaît également une mutation continue. Le Green New Deal, lancé en 2020, vise 20 % d’énergie renouvelable d’ici à 2030, un objectif déjà ambitieux compte tenu des défis actuels. Le plan inclut des investissements massifs dans l’éolien, le solaire et l’hydrogène, et s’accompagne de réglementations comme la « Norme Portefeuille Renouvelable » (RPS) et le « Schéma d’Échange d’Émissions Coréen » (K-ETS).
L’ambition de la Corée du Sud se manifeste aussi sur le front de l’éolien offshore. Le Plan de Collaboration Éolienne Offshore a été établi pour promouvoir la création de 12 GW de capacité offshore d’ici à 2030. Ces efforts pourraient faire de la Corée du Sud un acteur majeur de l’énergie éolienne offshore à l’échelle mondiale. Parmi les projets les plus marquants, on note le développement de l’Hapcheon, exploitant de nouvelles technologies solaires flottantes pour pallier le manque de terrains disponibles.
Cependant, le secteur solaire connaît aussi quelques embûches. Les appels d’offres régulièrement lancés n’ont pas atteint leurs objectifs en raison des prix de l’énergie et des coûts des certificats d’énergie renouvelable (REC) toujours plus élevés. Ces facteurs, associés à des défis législatifs et aux réticences communautaires, compliquent le déploiement de projets solaires supplémentaires.
Des orientations prometteuses
Pour contrer ces difficultés, la Corée du Sud met en place quelques stratagèmes ingénieux, tels que l’intégration de projets solaires flottants. La centrale solaire flottante de Saemangeum en est un exemple brillant, presque littéralement. Ces initiatives ne font pas que générer de l’énergie ; elles redéfinissent les limites de la technologie solaire intégrée aux infrastructures existantes, qu’il s’agisse de barrages ou de plans d’eau.
En termes de consommation, la Corée encourage les entreprises à adopter des pratiques durables via des incitations. Des entreprises peuvent s’approvisionner exclusivement en énergies renouvelables, accédant ainsi à des avantages financiers et écologiques.
Perspectives et conclusion
La Corée du Sud montre que même à travers des obstacles, l’expansion des énergies renouvelables reste possible. La notion de transition ici implique une combinaison d’ingéniosité, de planification minutieuse et de flexibilité face aux défis environnementaux et économiques.
L’un des faits marquants est l’accroissement de la capacité solaire qui dépasse les 20 GW en 2022. Ce chiffre témoigne d’une volonté de croître dans le respect d’objectifs ambitieux. Néanmoins, la balance énergétique invite à la profondeur, entre idéal et pragmatique. Le soutien public est crucial, tout comme le développement d’infrastructures plus durables et efficaces. Quant aux vieilles installations, elles posent un problème environnemental significatif, incitant à des solutions innovantes et responsables.
Le chemin des énergies renouvelables en Corée du Sud est tel un parcours sinueux, prestigieux, mais semé d’embûches. L’avenir repose sur un équilibre entre innovation technique et responsabilité écologique, nécessaire pour préparer le terrain à une véritable économie décarbonée.
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