La stratégie coréenne pour une croissance verte et durable

La Corée du Sud est souvent reconnue pour sa capacité à embrasser pleinement les défis et à faire preuve de résilience et de dynamisme économique. Depuis les années 2000, ce pays a entrepris de mener une transition énergétique radicale, passant d’une dépendance aux énergies fossiles à une focalisation ambitieuse sur les énergies renouvelables. Ce mouvement vers la croissance verte est alimenté par une vision stratégique, mêlant innovation technologique et considérations environnementales, avec l’objectif de propulser la Corée au sommet des économies vertes mondiales.

Vision et engagement présidentiel

L’engagement de la Corée pour une croissance verte se concrétisa dès l’inauguration du président Lee Myung-bak en 2008. Lee a placé la « croissance verte à faible émission de carbone » au cœur de sa philosophie de développement économique, soulignant que la protection de l’environnement pouvait être un moteur de croissance économique. Le gouvernement du pays a mis en œuvre cette vision en lançant des plans ambitieux et en investissant dans des projets durables qui permettraient non seulement d’améliorer les infrastructures, mais aussi de façonner l’avenir écologique du pays.

Investissements stratégiques

Durant la crise financière mondiale de 2008, 80% des stimulations budgétaires de la Corée ont été alloués à des projets de croissance verte, notamment dans les infrastructures et les transports.

Initiatives notables

Plusieurs initiatives notables marquent la stratégie verte de la Corée. À Songdo, la construction d’une ville connectée, intégrant infrastructure physique et technologique, reflète la volonté du pays de définir de nouveaux standards urbains. Songdo se veut être un modèle de ville intelligente à l’avant-garde, avec un système de recyclage des eaux grises, une flotte de taxis fluviaux et des services de partage de vélos et voitures, propulsés par des énergies renouvelables.

Défis et paradoxes

Cependant, l’approche sud-coréenne n’est pas sans défis. Le paradoxe de Jevons, qui stipule que les gains d’efficacité énergétique peuvent conduire à une consommation accrue de ressources, contredit en partie la stratégie verte. Malgré les améliorations significatives en matière d’efficacité énergétique, les émissions de gaz à effet de serre et la consommation totale d’énergie ont continué d’augmenter depuis la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour la Croissance Verte.

Révisions et alternatives

Face à cette réalité, certains préconisent une révision des politiques en faveur d’une participation accrue du public dans les décisions environnementales et vers une décroissance économique ciblée. Ces modèles alternatifs pourraient aider à réduire réellement l’empreinte de la Corée et à répondre de manière plus efficace au défi climatique.

L’ambition de la « croissance verte »

Pourtant, les dirigeants coréens espèrent que la stratégie actuelle orientée vers le développement durable perpétuera l’hélice de transformation industrielle qui a caractérisé le pays. La « Croissance Verte », lancé sous le mandat du président Moon Jae-in, incarne cette vision, encourageant le virage vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques, tout en fixant des objectifs ambitieux comme l’implantation d’1,3 million de véhicules électriques et 200 000 véhicules à piles à hydrogène d’ici 2025.

Transformation industrielle et innovation

Cette logique de « destruction créatrice », où le vieux est remplacé par le nouveau, s’aligne avec l’esprit de transformation rapide et audacieuse de la Corée. Le pays se positionne pour dominer les industries d’avenir, notamment celles basées sur la technologie et génératrices d’emplois, tout en réduisant les émissions de carbone. C’est dans cette conjonction entre développement économique et ambition écologique que la Corée espère cimenter son autorité dans la transition énergétique mondiale.

Implications globales

L’approche coréenne pourrait inspirer d’autres nations, en particulier les pays en développement qui cherchent à réaliser une croissance économique sans sacrifier leur environnement. L’Asie de l’Est en général, avec la Corée en première ligne, se profile comme le centre de la prochaine grande transformation industrielle. Les initiatives coréennes démontrent qu’une décorrélation entre croissance économique et pression environnementale est possible, ouvrant la voie vers une économie mondiale plus durable.

En conclusion, la Corée du Sud, par sa stratégie de croissance verte, illustre un modèle de transition énergétique pouvant être un acteur de changement à l’échelle mondiale. Elle ne se contente pas de réduire ses émissions ; elle transforme ses industries pour aligner développement économique et préservation de l’environnement. Cette alchimie entre innovation, investissement stratégique et modification des structures sociales pourrait bien constituer la formule gagnante du « miracle vert » coréen.