Regard sur l’éducation en Mongolie

Coincée entre ses deux géants voisins, la Chine et la Russie, la Mongolie est l’un des pays les moins peuplés du monde. Malgré sa vaste étendue – le pays est légèrement plus petit que l’Alaska –, la Mongolie ne compte qu’environ 3,2 millions d’habitants. Cette nation enclavée est un mélange de steppes, de montagnes, et de désert, principalement le désert de Gobi situé au sud.

Les perceptions internationales de la Mongolie contemporaine sont souvent influencées par ses nomades, qui ont traditionnellement bâti leur subsistance autour de l’élevage des « Cinq Joyaux » : moutons, chèvres, bovins (y compris parfois des yaks), chevaux et chameaux (notamment le chameau de Bactriane à deux bosses). Tous ces animaux fournissent aux Mongols la viande, les produits laitiers, la laine et les peaux nécessaires à leur quotidien. L’image emblématique de la Mongolie pour les étrangers reste néanmoins la ger (littéralement « maison » en mongol), une tente ronde en bois et en feutre, souvent appelée à tort « yourte”.

Histoire et influences

Historiquement, la Mongolie est aussi connue comme le berceau du grand Empire mongol, qui, à son apogée, s’étendait sur une grande partie de l’Eurasie. Cet empire marque le début de l’histoire de la Mongolie en tant que nation unifiée, alors que Gengis Khan (Chinggis Khaan pour les Mongols) avait uni les tribus nomades en un seul royaume. Ses descendants ont poursuivi les conquêtes, menant l’empire à s’étendre de l’Europe de l’Est à la Corée et du nord du Moyen-Orient à l’Inde et l’Asie du Sud-Est.

L’empire a fini par se diviser en plusieurs dynasties et les Mongols en Mongolie ont maintenu leur mode de vie nomade jusqu’à ce qu’ils tombent sous le contrôle de la dynastie Qing de Chine vers la fin du 17ème siècle. En 1911, la Mongolie déclare son indépendance, mais c’est véritablement en 1921, avec l’aide de l’Armée Rouge russe, que le pays a pu se libérer du contrôle chinois et tsariste.

Période socialiste

Après la mort du leader bouddhiste Bogd Khan en 1924, la Mongolie se déclara République Socialiste, restant un proche allié de l’URSS. Durant cette période, de nombreuses politiques soviétiques furent adoptées, comme la collectivisation des troupeaux et la mise en place de nouvelles industries. La cyrillisation de l’alphabet mongol en 1941 marque aussi cette influence.

Les monastères bouddhistes, qui étaient les principaux centres d’apprentissage, furent détruits et les moines expulsés. Une éducation de masse laïque a ainsi vu le jour, avec un accent sur l’éducation pour tous, y compris les filles. En 1943, la première université, l’Université Nationale de Mongolie (NUM), a ouvert ses portes, avec une forte influence soviétique. Les taux d’alphabétisation ont alors grimpé, atteignant presque l’universalité.

Transition vers la démocratie et l’économie de marché

À la fin des années 1980, sous l’influence des réformes de Mikhaïl Gorbatchev en URSS, des réformateurs mongols commencèrent à réclamer des changements démocratiques. Après des manifestations pacifiques en 1989-1990, la Mongolie organisa ses premières élections multipartites en juillet 1990. Une nouvelle constitution, adoptée en 1992, garantit aux citoyens des libertés politiques et le droit à l’éducation.

Cependant, la transition vers la démocratie et l’économie de marché fut difficile. Le retrait du soutien soviétique plongea la Mongolie dans des difficultés économiques. Pour pallier ce manque de soutien, la Mongolie sollicita l’aide d’organisations internationales comme la Banque Mondiale, le FMI, et des ONG.

Réformes éducatives modernes

Depuis les années 1990, le système éducatif mongol a subi des réformes significatives, souvent en réponse aux exigences des donateurs internationaux. Le passage d’un système éducatif de 10 ans à un modèle de 12 ans, plus aligné sur les standards internationaux, et l’introduction d’approches pédagogiques centrées sur l’élève et basées sur les résultats en sont des exemples.

La coopération avec des institutions étrangères illustre cette volonté de se conformer aux standards internationaux. En 2020, la Mongolie a commencé à réformer son système secondaire en collaboration avec Cambridge, visant à moderniser et améliorer la qualité de l’enseignement.

Simultanément, la Mongolie met en avant le développement du tourisme durable comme un pilier de sa stratégie de croissance économique. Ce modèle vise à équilibrer le développement touristique avec la conservation des ressources naturelles et culturelles, répondant ainsi aux attentes des touristes tout en préservant l’environnement et le patrimoine culturel du pays.

L’éducation face à la pandémie Covid-19

Comme partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 a perturbé l’éducation en Mongolie. Dès janvier 2020, l’éducation est passée en ligne, ce qui a obligé enseignants et élèves à se former à l’utilisation des plateformes numériques. Pour les élèves plus jeunes, des cours étaient diffusés à la télévision. En septembre 2021, la plupart des élèves ont repris l’apprentissage en présentiel, souvent via un modèle hybride combinant cours en ligne et en présentiel.

Les défis actuels

Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, le système éducatif mongol continue de faire face à des défis, notamment en matière de qualité de l’éducation et d’accès pour les populations rurales et nomades. Le passage à une économie de marché a créé des disparités de richesse, rendant l’accès à l’éducation inégal. Les enfants de familles à faible revenu, notamment ceux issus de régions rurales, rencontrent des obstacles persistants.

Pour les élèves de familles nomades, l’accès à l’école reste particulièrement problématique. Beaucoup vivent loin des centres scolaires et doivent utiliser des internats. Cette situation a souvent causé des départs prématurés de l’école, surtout parmi les garçons, dont la main-d’œuvre est souvent nécessaire pour l’élevage familial.

Environ 20 % de la population est composée de bergers, dont les enfants, lorsqu’ils ne vivent pas à proximité d’une école, sont envoyés dans des internats situés dans les centres administratifs de leurs régions. Ces internats, très utiles jadis, rencontrent maintenant des défis tels que les frais de scolarité et la réticence des familles à envoyer de très jeunes enfants loin de chez eux.

Le fossé entre les genres

Un autre défi majeur est le déséquilibre de genre dans l’éducation. Après le niveau de l’école élémentaire, les filles surpassent en général les garçons dans les études. Par exemple, au niveau universitaire, davantage de femmes sont inscrites que d’hommes, créant une disparité inversée. Les garçons sont souvent retirés prématurément de l’école pour aider aux tâches familiales, particulièrement dans des familles de bergers.

Formation et éducation non-formelles

Parallèlement, le gouvernement, en collaboration avec des ONG, a lancé des programmes de formation à distance pour les populations adultes, notamment celles des zones rurales. Ces programmes offrent des cours sur des compétences pratiques et des sujets de santé publique, aidant ainsi à améliorer les conditions de vie des adultes mongols.

Éducation supérieure

Le paysage de l’éducation supérieure en Mongolie a considérablement évolué. Avant 1990, l’éducation supérieure était gratuite et fortement influencée par le modèle soviétique. Aujourd’hui, bien que les frais de scolarité existent, des bourses et prêts sont disponibles pour soutenir les étudiants. L’Université Nationale de Mongolie reste la principale institution de formation supérieure, avec plusieurs autres universités publiques et privées qui se sont développées depuis les années 1990.

L’éducation en Mongolie a parcouru un long chemin depuis les jours où elle était réservée aux moines et à une élite restreinte. Malgré les nombreux défis, le pays a fait d’énormes progrès, passant d’un taux d’analphabétisme élevé à presque l’universalité de l’éducation de base et développant un système éducatif diversifié et inclusif. Les réformes continues et la collaboration avec des institutions internationales montrent un engagement constant à améliorer le système éducatif et à le rendre accessible à tous les citoyens mongols. Cependant, des efforts continus sont nécessaires pour combler les lacunes existantes et garantir une éducation de qualité à tous les enfants, qu’ils vivent dans les villes ou les steppes reculées de ce vaste pays.