L’impact de l’exploitation minière sur la Mongolie : Déséquilibre environnemental et socio-économique

L’exploitation minière en Mongolie, autrefois vue comme une aubaine économique, a des répercussions profondes sur l’environnement et les communautés locales. Avec plus de 1000 licences délivrées à travers le pays, les activités minières ont transformé de manière significative le paysage rural et culturel de la Mongolie. Le Gobi, en particulier, est une région où les méga-mines coexistent avec des opérations à plus petite échelle, et bien que cette région possède également un fort potentiel pour les énergies renouvelables, les débats sur les droits fonciers des pasteurs nomades traditionnels restent en grande partie absents.

Les droits fonciers des pasteurs nomades

Depuis le milieu des années 1990, la crise des droits fonciers pour les pasteurs nomades s’est silencieusement développée dans tout le pays. En Mongolie, les terres de pâturage rurales sont la propriété de l’État, et les processus de délivrance de licences industrielles – qu’il s’agisse de l’extraction minérale ou des projets d’énergie renouvelable comme l’éolien et le solaire – supplantent les droits traditionnels des éleveurs sur l’utilisation mobile des terres. Cette marginalisation est particulièrement visible dans la province de Dornogovi, où les deux tiers du territoire de la circonscription de Dalanjargalan sont consacrés à l’exploitation minière.

Les impacts environnementaux et climatiques

La Mongolie, et plus précisément ses écosystèmes de steppe et de Gobi, est sensible aux impacts du changement climatique. Cependant, les vulnérabilités des éleveurs ne sont pas uniquement climatiques. Elles découlent également de politiques économiques et politiques spécifiques: un manque de capacités gouvernementales, une informalisation de l’économie, une complexité juridique et une focalisation sur les politiques de libre marché et les services urbains.

Les impacts négatifs de l’exploitation minière à ciel ouvert se sont avérés dévastateurs. Les terres de pâturage ont été fragmentées et détruites, le trafic de camions lourds crée de la poussière, des déchets et des soucis pour la disponibilité de l’eau potable. Ces phénomènes rendent les zones rurales de plus en plus risquées pour la santé des troupeaux.

L’évaluation des dommages environnementaux

Un effort majeur a été entrepris pour évaluer les dégâts environnementaux causés par les activités minières, particulièrement dans les zones protégées par la loi sur l’industrie minière, adoptée en 2009. Cette loi, communément appelée « la loi au long nom », vise à protéger les sources d’eau et les forêts contre l’exploration et l’exploitation minière.

Les résultats de l’évaluation des dommages environnementaux ont montré que 45 000 hectares des 59 000 hectares de zones sous licence de mine incluses dans l’enquête sont situés dans les zones légalement protégées. Parmi les terres minées, 5 000 mille hectares ont été endommagés par l’extraction d’or, dont 4 800 mille hectares dans ces zones protégées. Ces chiffres montrent une vaste détérioration, avec des impacts significatifs sur l’eau de surface et les écosystèmes forestiers.

Les coûts de réhabilitation

Le coût total estimé de réhabilitation des zones endommagées est d’environ 85 milliards de tugriks. Ce montant inclut les coûts de réhabilitation technique et biologique, ainsi que la restauration des lits de rivière et la fermeture des mines. De plus, d’autres dépenses sont nécessaires pour la surveillance des réhabilitations.

Vers un futur durable

Alors que les perspectives économiques de la Mongolie dépendent largement de l’exploitation minière, il existe des alternatives viables et durables. Le développement d’un secteur du tourisme écologique et d’aventure pourrait diversifier l’économie mongole. Des politiques gouvernementales à long terme, visant à protéger le tourisme des effets négatifs de l’industrie minière, pourraient promouvoir cette diversification économique.

Les modèles de gestion localisés, tels que ceux utilisés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour protéger les bassins fluviaux et les forêts, pourraient également jouer un rôle essentiel dans la protection de la faune et de la flore tout en responsabilisant les citoyens locaux. Par exemple, les nomades pourraient devenir des gestionnaires des terres, travaillant en interaction avec le gouvernement.

Les énergies renouvelables

La Mongolie bénéficie d’abondantes ressources naturelles, idéales pour l’énergie renouvelable. Le pays reçoit une forte luminosité solaire et possède un potentiel éolien estimé à 11 GW dans le Gobi. Investir dans ces énergies pourrait non seulement réduire la dépendance à l’égard de l’exploitation minière, mais aussi bénéficier à l’ensemble de l’Eurasie.

Il est crucial que la Mongolie adopte des politiques plus robustes pour protéger ses éleveurs nomades traditionnels et ses écosystèmes contre les impacts destructeurs de l’exploitation minière. Les entreprises minières doivent être tenues responsables des dommages environnementaux qu’elles causent et se conformer aux normes internationales en matière de réinstallation et de restauration des moyens de subsistance.

De plus, l’introduction de technologies modernes et respectueuses de l’environnement dans les activités minières, ainsi que la mise en œuvre efficace des actions de réhabilitation des terres endommagées, sont impératives pour minimiser les impacts négatifs. Enfin, l’exploration des alternatives économiques, comme le tourisme écologique et les énergies renouvelables, pourrait offrir un avenir plus durable pour la Mongolie.

En résumé, l’exploitation minière en Mongolie présente des défis environnementaux et sociaux majeurs. Cependant, avec des politiques appropriées et des investissements dans des secteurs durables, le pays peut équilibrer la croissance économique avec la protection de son patrimoine naturel et culturel unique.