En hiver, la capitale mongole, Oulan-Bator, est enveloppée d’un nuage toxique meurtrier. Située dans une vallée entourée de montagnes, cette ville de 1,5 million d’habitants, soit la moitié de la population du pays, souffre d’une pollution atmosphérique extrême. En effet, l’indice de qualité de l’air (IQA) atteint régulièrement des niveaux dangereux, réunissant des concentrations de particules fines PM2.5 bien au-delà des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
En raison de températures frisant les -40°C, les habitants brûlent du charbon brut dans leurs gers, des tentes traditionnelles mongoles, pour se chauffer. Cette pratique, conjuguée à la topographie de la ville, crée un « couvercle » thermique retenant les polluants dans l’air. Ce phénomène accentue l’impact dramatique de la pollution, notamment durant les mois les plus froids, de novembre à mars.
Conséquences sanitaires : les plus vulnérables en première ligne
La pollution de l’air à Oulan-Bator a des répercussions désastreuses sur la santé publique, particulièrement pour les enfants. Les pneumonies, par exemple, sont la deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans en Mongolie. Dans la capitale, les infections respiratoires ont augmenté de 270% au cours des dix dernières années, tandis que les enfants présentent une capacité pulmonaire inférieure de 40% à celle de leurs homologues vivant en zones rurales.
Des études ont démontré que l’exposition prénatale à la pollution atmosphérique peut entraîner des complications graves comme des malformations congénitales et des retards de développement cérébral. Une mère des quartiers de ger, appelée Nursaule, confie que son fils de 11 mois, Almasbek, a déjà été hospitalisé huit fois pour des problèmes respiratoires. Elle exprime sa peur d’un futur marqué par des visites répétées à l’hôpital.
Initiatives pour un futur plus sain
Face à cette situation, la Mongolie a pris plusieurs mesures clés. En 2019, par exemple, le gouvernement a interdit l’utilisation du charbon brut, le remplaçant par du charbon transformé en briquettes, moins polluantes et plus durables. Cependant, cette mesure n’a pas eu l’effet escompté, surtout après l’arrivée de la pandémie de COVID-19 qui a poussé les ménages à recourir à des combustibles bon marché, mais très polluants.
Malgré ces efforts, et bien que des initiatives aient permis la rénovation énergétique de nombreuses écoles et crèches, la persistance des conditions de vie précaires pour les habitants des quartiers de ger continue d’alimenter la pollution. En effet, près de 800 000 personnes vivent dans ces zones avec peu d’accès à des infrastructures modernes comme l’électricité et les systèmes de chauffage centralisé.
L’éducation en Mongolie revêt une importance cruciale pour le développement du pays et la préservation de son environnement. Des efforts soutenus sont nécessaires pour garantir un accès équitable et de qualité à l’éducation, particulièrement dans les zones rurales et urbaines défavorisées. L’amélioration de l’infrastructure éducative et la promotion de programmes sensibilisant aux enjeux environnementaux sont des piliers essentiels pour préparer les générations futures à relever les défis écologiques et sociaux du pays.
Solutions intégrées pour un avenir meilleur
Une approche innovante combinant l’isolation thermique, le chauffage électrique et la ventilation existe. Cette solution réduit directement la pollution intérieure, tout en apportant des bénéfices sociaux en diminuant les dépenses de chauffage et en améliorant l’égalité sociale et de genre. Par ailleurs, cette approche permet de gagner plus de 40 minutes par jour pour les femmes et les enfants, occupant traditionnellement une grande part des tâches ménagères.
Un autre projet, financé par la Confédération suisse en collaboration avec l’UNICEF, a notamment permis d’améliorer les infrastructures de soins primaires et a contribué à une réduction significative des cas de pneumonie chez les enfants. Le renforcement des centres de santé locaux et l’intégration des travailleurs communautaires de la santé ont également joué un rôle crucial en apportant information et soutien aux familles les plus démunies, surtout dans les quartiers de ger.
Impact économique et social de la pollution
Les effets économiques de cette crise sanitaire sont tout aussi préoccupants. Selon des estimations, la pollution de l’air coûte à la Mongolie environ 600 millions d’euros par an, soit 4,6% du PIB. L’absentéisme accru des employés en raison de maladies liées à la pollution affecte la productivité, notamment en hiver.
En outre, les conditions de vie difficiles dans les quartiers de ger poussent de nombreuses familles à brûler des matériaux toxiques pour se chauffer, aggravant la pollution.
Une solution multifacette
La solution à long terme passe par la réduction de la pauvreté et l’intégration des ménages marginalisés des quartiers de ger dans un réseau énergétique centralisé et propre. Pour améliorer significativement la qualité de l’air à Oulan-Bator, il est crucial de fournir aux habitants des sources d’énergie moins polluantes et des infrastructures modernisées. Une gestion efficace des investissements publics et une approche intégrée, comme la fourniture de produits de cuisson, de chauffage et d’isolation, peuvent avoir un impact durable.
Par ailleurs, les programmes éducatifs visant à sensibiliser la population sur les dangers de la pollution et les alternatives disponibles s’avèrent essentiels. L’utilisation d’appareils de surveillance de la qualité de l’air intérieur et la promotion de bonnes pratiques comme l’usage de masques certifiés et la consommation d’aliments riches en vitamines et en oméga-3 sont des actions concrètes qui apportent déjà des bénéfices visibles.
La bataille contre la pollution de l’air en Mongolie est un défi complexe nécessitant une coopération internationale, des politiques robustes et des changements sociétaux significatifs. Chaque initiative, qu’elle soit à petite ou grande échelle, contribue à un avenir où les enfants ne seront plus contraints de respirer un air mortel dès leur premier souffle. Le chemin est encore long, mais avec des efforts concertés, la Mongolie peut espérer un futur où l’air pur et les conditions de vie décentes seront la norme, et non l’exception.
Le développement du tourisme durable semble pouvoir jouer un rôle crucial dans cette transition. En développant des pratiques touristiques respectueuses de l’environnement et en encourageant la préservation des ressources naturelles, la Mongolie peut à la fois améliorer la qualité de vie de ses citoyens et renforcer son attrait en tant que destination touristique responsable. Les politiques axées sur le soutien aux énergies renouvelables, la modernisation des infrastructures et l’éducation à l’environnement seront essentielles pour atteindre ces objectifs ambitieux.
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