Protéger la forêt tropicale, c’est protéger la faune menacée

Les efforts de conservation axés sur la protection des forêts à l’aide de politiques fondées sur le carbone profitent également à la diversité des mammifères, ont conclu de nouvelles recherches publiées dans le Journal of Applied Ecology.

L’ONU aux avant-postes

Pour aider à atténuer les effets du changement climatique, des politiques ont été élaborées dans le monde entier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en évitant la déforestation (notamment par la culture de palmiers à huile dans certains pays tropicaux). Une grande partie de cette déforestation est causée par l’agriculture à grande échelle et les industries extractives dans les pays tropicaux en développement. Le cadre REDD+ (Réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts) de l’ONU et, plus récemment, l’approche HCS (High Carbon Stock) visent à identifier et à conserver les zones forestières qui conservent une grande quantité de carbone. Ces dernières seraient autrement libérées dans l’atmosphère en cas d’abattage.

L’expérience du Durell Institute

Les grandes entreprises agricoles, telles que celles qui cultivent le palmier à huile, utilisent maintenant ces mécanismes de carbone dans le cadre des engagements mondiaux en faveur d’une « déforestation zéro ». Par le passé, on a supposé que la protection des forêts pour empêcher le dégagement de carbone était également bénéfique pour la biodiversité dans la région. Cependant, les études qui se sont intéressées à la question se sont révélées peu concluantes. Pour s’attaquer à cette hypothèse, une équipe de chercheurs du Durrell Institute of Conservation and Ecology (DICE) de l’Université du Kent a entrepris des études fauniques dans les forêts de Bornéo, dans une zone en cours de reconversion en palmier à huile. Le chercheur principal, Nicolas Deere, a rassemblé un ensemble complet de données sur les mammifères et les a combinées à des images satellitaires à haute résolution pour montrer que les zones désignées pour la protection dans le cadre des politiques sur le carbone comptaient des espèces de mammifères menacées.

Synthèse des résultats

L’étude a confirmé que les cartes du carbone disponibles à l’échelle mondiale ne montraient aucune corrélation entre le carbone et la biodiversité. Cependant, lorsque des cartes à haute résolution ont été utilisées pour cartographier les ressources en carbone, les zones à haute teneur ont été clairement perçues comme abritant la plupart des espèces de mammifères. Cette relation est portée par des espèces préoccupantes telles que l’orang-outan et les léopards nébuleux, ce qui suggère que les mammifères vulnérables à la déforestation et à la dégradation des forêts bénéficieront le plus des politiques sur le carbone. Les résultats ont d’importantes implications pour les décideurs politiques, les entreprises, les gouvernements et les organisations non gouvernementales.