L’Amazonie au bord du précipice

La forêt amazonienne se rapproche d’un sinistre point de basculement, le changement climatique et la déforestation faisant tous deux des ravages. La dernière étude de la revue Nature montre que certaines parties de la forêt tropicale émettent désormais plus de carbone qu’elles n’en absorbent, ce qui la rend moins efficace pour absorber les gaz à effet de serre de l’atmosphère comme le CO2. Ces nouvelles données ne sont pas de bon augure pour les écologistes qui s’efforcent depuis longtemps de préserver cet écosystème essentiel, déjà fortement dégradé par l’activité humaine, notamment par l’agriculture et l’exploitation minière à grande échelle.

L’Amazonie du Brésil est passée du statut de puits de carbone à celui de source importante de CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les chercheurs ont constaté que le sud-est de l’Amazonie, qui abrite 20 % de la population brésilienne, est passé au statut d’émission nette positive après 2010. Les résultats montrent que cette région émet désormais 30 millions de tonnes par an dans l’atmosphère en raison de la déforestation pour les plantations de bois et de soja, ainsi que des incendies allumés pendant les saisons sèches dans les anciennes exploitations d’hévéas rouges.

L’Amazonie est plus qu’une simple forêt tropicale. Les régions centrale et occidentale sont des écosystèmes vivants et prospères qui abritent des centaines de milliers d’espèces qui n’existent nulle part ailleurs sur terre. Cependant, la région orientale a été presque entièrement déboisée par l’élevage de bétail et la culture du soja pour nourrir le bétail, ce qui a entraîné une augmentation du nombre d’incendies dans ces régions, à tel point que l’on considère désormais qu’il s’agit d’une grande source de CO2 dans notre atmosphère.

Les forêts autrefois luxuriantes et pleines de végétation abritent non seulement de nombreux types de plantes, mais aussi des animaux comme les singes ou les paresseux, qui dépendent de cet écosystème pour leur survie. Malheureusement, ils ne peuvent pas survivre lorsqu’il n’y a plus de forêt, en raison de la déforestation résultant du défrichage des terres nécessaires à l’activité humaine.

Les forêts tropicales sont un élément essentiel de l’équilibre délicat de l’écosystème de la Terre. Si la déforestation se poursuit, elle aura deux conséquences distinctes sur notre planète : premièrement, les arbres et les plantes qui étaient autrefois capables de piéger le dioxyde de carbone par photosynthèse seront incapables de le faire à mesure qu’ils seront coupés ; deuxièmement, les matières organiques mortes telles que les troncs d’arbres en décomposition ne pourront pas être stockées pendant de longues périodes parce qu’il n’y a plus d’êtres vivants autour d’eux. Cela signifie que la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère est plus importante que jamais, avec des conséquences négatives que nous ne pouvons qu’imaginer si cette tendance n’est pas arrêtée rapidement.

La forêt tropicale est à la fois une source et un puits pour les émissions de dioxyde de carbone. Elle absorbe le CO2 au cours de sa croissance, mais lorsque les arbres finissent par mourir ou brûler, ils rejettent le CO2 stocké dans l’atmosphère terrestre. L’augmentation des températures due au changement climatique aggrave ce dilemme en rendant les incendies de forêt plus probables dans les forêts tropicales telles que la forêt amazonienne, qui émettent également d’énormes quantités de gaz atmosphériques par le biais de processus de décomposition tels que la respiration, tout en absorbant une trop grande quantité de lumière solaire qui aurait pu être retenue par une couverture arborée plus importante.

La forêt amazonienne a été un écosystème vital pendant des années, produisant de l’air frais et de l’eau. Mais alors que la population mondiale continue d’augmenter et que les ressources s’épuisent à un rythme alarmant, la déforestation augmente, avec une perte de 2 % chaque année. La région sud-est du Brésil, qui représente 30 % de l’ensemble des défrichements forestiers, a subi une pression extrême du fait de ce processus, mais d’autres régions attendent maintenant nerveusement en se demandant si elles seront les prochaines avant qu’il ne soit trop tard.

Les chercheurs pensent qu’il n’y aura peut-être plus de retour en arrière une fois que certaines régions auront atteint le point de basculement. L’une des questions les plus pressantes que soulève cette recherche est de savoir si la déforestation d’une partie de la forêt amazonienne pourrait avoir un effet de dominos sur d’autres parties, entraînant leur dégradation. Si les populations humaines continuent de croître et que la demande de ressources naturelles augmente à l’intérieur des frontières du Brésil, il se peut que nous ne tardions pas à voir un impact comme celui qui s’est produit dans les régions centrales et occidentales de notre pays.